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Déchiffrer les palimpsestes familiaux

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Autrefois, il fut un temps où les livres étaient écrits sur des parchemins, matériau parfois cher et rare. Face à cette rareté, il arrivait que les copistes effacent le premier texte pour récupérer le parchemin et écrire un nouveau texte par-dessus. De nos jours, des chercheurs jugent parfois l’ancien texte (celui d’en-dessous) plus intéressant que le nouveau, et parviennent à le déchiffrer par rayons ultra-violets, fluorescence X, ou autres méthodes d’analyse.

Dans ma famille, la reformulation de situations ou d’événements, comme pour écrire un palimpseste par-dessus le texte original, a été un moyen très fréquemment utilisé pour gommer, faire disparaître abus et ressentis. Encore plus efficace que de tout recouvrir à grands coups de maquillage ! Mais avec le temps, le texte d’en-dessous peut ré-apparaître. Un exemple très convaincant en est la comparaison entre la façon dont une de mes sœurs m’a décrit son enfance… et la façon dont notre père a obtenu qu’elle soit décrite lors de ses funérailles.

Le texte dont notre père a obtenu l’énoncé durant la cérémonie de funérailles disait : « Elle a eu une enfance heureuse ». Son mari et moi en avions reparlé par téléphone les jours suivants, tant nous avions été choqués de ce mensonge éhonté. 

Ce qu’elle avait toujours dit, et m’avait explicitement écrit à l’âge de 37 ans était : « Tu parles de ton enfance « normale » et moi j’ai eu une enfance remplie de souffrances dont je viens juste de me libérer (…). Tu vois, nos enfances sont différentes. La mienne n’est qu’une suite de souffrances depuis le départ, la tienne te semble normale. » Voilà le « texte d’en-dessous ».

J’affirme que la version véridique est celle qu’elle m’avait écrite elle-même, et non pas le palimpseste familial. 

En ce qui me concerne, le palimpseste médico-familial dit que mes tentatives de suicide, alcoolisme, divorce, dépression d’autrefois sont les « preuves d’une maladie mentale d’origine génétique ». Ce que j’affirme, moi, aujourd’hui, c’est que ce ne sont là que les symptômes / conséquences des abus, inceste, trahisons, manipulations, mensonges, humiliations, dénigrements systématiques, injustices.

J’affirme que le SSPT (Syndrome de Stress Post-Traumatique) est le véritable nom de ce dont je souffre.

Mon rétablissement a commencé avec le déchiffrement de mon propre « texte d’origine » recouvert, pour brouiller les pistes, par le palimpseste médico-familial qu’on m’avait fait gober autrefois, qui stipulait que mon enfance était « normale », et que la seule « anormale », c’était moi.

Translation below was provided by the author

Deciphering Familial Palimpsests

Long ago, there was a time when books were written on parchments, which sometimes were scarce and expensive. Facing this scarcity, it happened that some copyists erased the first text to recuperate the parchment and write a new text over it. Nowadays, researchers judge sometimes the ancient text (called “the underwriting” or “the undertext”) more interesting than the new one, and they manage to decipher it by ultraviolet light, X-ray fluorescence imaging, or other analytical methods.

In my family, re-accounting of situations or events, as if writing a palimpsest over the original text, has been a very frequent way to erase or make abuses or feelings disappear. Even more efficient than covering everything with make-up! But with time, the “undertext” may re-appear. A very convincing example is in the comparison of the way a sister of mine described her childhood… and the way our father made it described at her funeral ceremony.

The text my father had obtained to be publicly stated during her funeral ceremony, was “She has had a happy childhood”. Her husband and I discussed it on the phone some days after, because we had been so shocked by this enormous lie. 

What she had always said, and had explicitly written to me at the age of 37, was in fact: “You speak about your “normal” childhood, and me, I have had a childhood full of sufferings, from which I have just now freed myself (…). You see, our childhoods are different. Mine was nothing but a succession of sufferings from the beginning onwards, yours seems to you to have been normal.” That was the original text, the “underwriting”. 

I claim that the true text is the one she had written herself, not the familial palimpsest.

As far as I am concerned, the medico-familial palimpsest says that my past suicide attempts, alcoholism, divorce, depression, are “proofs of a mental illness of genetic origin”. What I claim, for me, today, is that these are only symptoms/consequences of abuses, incest, betrayals, manipulations, lies, humiliations, systematic disparagement, injustices. 

I claim that PTSD is the true name of what I suffer from. 

My recovery has begun with the deciphering of my true “undertext” recovered by the confusing medico-familial palimpsest that had made me believe, in the past, that my childhood was “normal” and that the only “abnormal” element was myself. 

Geneviève R.

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